Souvent, quand je vole, je ne suis pas en France, mais dans la maison de ma mère à Skopje. Je suis sur son balcon, habillée en détective, avec un manteau gris noir anthracite et un chapeau qui empêche que l'on voie le visage. Je suis en sous-vêtements sous le manteau, debout sur la barre du balcon et je me jette en diagonale dans le vide, comme une chauve-souris en chasse.
Rien de plus exaltant que cette chute !
Huit étages plus bas, je me suspends à cinquante centimètres d'un toit. Le ciel quant à lui est bleu pluie et je balaye du regard cette surface plane qui n'est pas vraiment propre.
C'est plein de déchets inutiles, des restes de papier, d'écrous et je scrute, je fouille en planant à la recherche de quelque chose que je ne trouve pas. Tout est à portée de main pourtant, mais je ne sais pas ce que je cherche. Mon regard va dans les coins, dans les angles, il est attentif aux moindres détails, traquant sans relâche une chose dont il se sait rien sinon qu'elle a été volé et cette raison me suffit pour que je poursuive l'enquête.
TATJANA : Dans la réalité, je suis déjà allée sur le toit de cet immeuble lorsque j'avais douze ou treize ans. J'avais deux chats jumeaux. Il y avait un espace libre à côté de la barrière du balcon, en jouant, l'un d'eux est tombé. Je suis descendue en pleurs supplier les gens du supermarché de me laisser monter sur ce toit pour que j'aille voir si mon chat était encore en vie, mais étant tombé du huitième étage, il ne l'était plus.
J'ai fait ce rêve récemment, il y a moins d'un an, c'est à dire, 18 ans après cet accident. C'est un rêve frappant où tout est cérébral. C'est moi qui décide des descentes et des ascensions, du cours du vol. J'ai la sensation d'une curiosité à l'état pure.
Je me réveille déçue, parce que je n'ai rien trouvé alors que je me suis beaucoup appliquée.
Sauver | Le déclic du tympan |
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