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Rêvé le 5 avril 2011 - Piel avait 32 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

C'est un envol de la terre, dans la nature, sur le gazon, au sommet d'une colline, d'une petite montagne. Un endroit qui n'existe que dans les rêves et qui ressemble à beaucoup d'endroits qu'on pourrait s'imaginer. Une campagne vallonnée, peu construite, un peu féérique, trop verte pour être naturelle, trop vallonnée, trop parfaite, éloignée de tout, mais somme toute, proche de la réalité. 

Il décolle en battant des bras comme on battrait des ailes, de haut en bas, pas du tout à la manière d'un aigle, plutôt comme un pingouin, péniblement, il décolle debout, de quelques centimètres. Sans élan, il prend son envol de la terre, il ne court pas, il ne marche pas, il est immobile, tout droit et cet effort est avant tout musculaire.

A la manière d'une marionnette ancienne montée sur des barres en bois et qui tournerait autour d'un pivot, une fois qu'il a quitté la terre, son corps se met à l'horizontal et prend la forme d'un planeur. La vitesse l'aide à trouver l'équilibre horizontal.

Il ne vole pas comme un avion de grande ligne à des altitudes très élevées, il préfère raser la terre, s'élever un tout petit peu parce que ça demande beaucoup d'effort. Il décolle un tout petit peu et c'est là son plus grand plaisir, sentir la terre toute proche et ne plus la toucher, faire du rase motte très lentement, puis de plus en plus vite. Il ne peut pas arrêter de battre sinon il tombe et plus il bat plus il s'élève. Au mieux de sa forme il peut atteindre vingt mètres. C'est déjà haut et ce qu'il aime par dessus tout dans ces instants, c'est faire la montgolfière. Il s'arrête alors de battre pour amorcer la chute et quand le sol est proche, il recommence de plus belle. Voler au ras de la terre, c'est un peu comme quand on plonge en pleine mer et qu'on explore des fond marins. On est à une faible altitude du fond, on le longe, on l'observe de près, on ne va pas très vite, on ne nage pas très bien…

Là, la campagne s'étend. Un horizon infini formé par des petites collines et des petits vallons. L'herbe est presque fluorescente, d'un vert très lumineux et il vole comme ça pendant de longs moments au-dessus de ces bosses vertes pelotonnées les unes aux autres. Il voit ses bras, son corps, mais pas son visage. De temps en temps, il aperçoit une ferme, une maison et quelques personnes qui passent pour faire vivre le décors. Au-dessus de cet habitat clairsemé, le jour commence à décroître et la nuit arrive et il continue à voler. Le ciel s'assombrit, les étoiles scintillent et les maisons s'estompent ne laissant bientôt plus paraître que les fenêtres éclairées. Il vole d'abord avec le jour et même si celui ci ne décline pas tout de suite, il dure trop peu comparé au temps naturel d'un crépuscule.

Il atterrit en cessant de battre des bras, de façon technique, prévue, maîtrisée. Il ne tombe pas, il atterrit comme il a décollé, sur ses pieds, sur le sol d'une colline, dans l'herbe encore une fois. Il atterrit quand ses bras n'en peuvent plus, quand malgré ses efforts son vol est de moins en moins haut, de moins en moins bien et que la fatigue se fait ressentir. La sensation est pourtant géniale, il adore ça, ça lui paraît tellement naturel, battre des bras, s'envoler, ça n'a rien d'extraordinaire. C'est une fonction humaine comme une autre. Il n'a pas le souvenir d'un rêve qui se serait terminé abruptement alors qu'il était encore dans le ciel.

Il peut voler aussi au-dessus de l'eau, tout seul, mais c'est plus rare. Il aime voler proche de la terre ou de l'eau pour percevoir les détails, pour être témoin d'un événement qui va se passer. Quand il est au dessus de l'eau, il ne s'arrête pas, il croit apercevoir des choses, oui, des choses qui nagent sous l'eau. 

La grande jouissance c'est le décollage, la sensation incroyable de quitter le sol de quelques centimètres. C'est tellement réel comme sentiment que juste en se le rappelant il éprouve encore du plaisir. Ce rêve se répète sans impression de redite, éternel retour dans ce paysage familier. Au réveil, il se rappelle y être souvent allé, mais pendant le vol il ne se dit jamais qu'il est retourné là… dans le pays des rêves.

On a toujours le fantasme de voler, non ? C'est un truc assez commun. Gamin, il aurait adoré avoir des ailes, par exemple. Aujourd'hui il déteste l'avion, il déteste voler en vérité, il ne supporte pas ça. Il ne supporte pas de monter dans quoi que ce soit qui vole, un ballon, un hélicoptère, un avion, il déteste ça. Il ne fera jamais d'ULM, jamais de parapente, jamais de parachute, il déteste ça. Ces  choses l'angoissent rien que d'y penser. Il pleure avant de monter dans un avion, il pleure au décollage, il pleure à l'atterrissage. Il n'a jamais voulu être aviateur malgré son fantasme de vols. Avoir des ailes, oui ; se dire qu'aucun horizon ne lui est interdit, oui ; c'est universel ce désir là. Qui n'a jamais rêvé de s'élever dans les airs par ses propres moyens sans avoir recours à la machine ? C'est beau les anges… L'idée est belle.

Que rien sur la Terre ne soit inaccessible, c'est un désir d'exploration plus qu'un rêve de puissance. C'est réaliser que le monde nous échappe sans cesse et que pour le saisir un peu il faudrait l'explorer sans relâche.

La tour infernale. Grand Canyon

Commentaires

  • Loni, le 1er juin 2011 à 17h57

    Il fait de la natation, dans la vraie vie ?

    Sinon, je me demandais : tu leur fais relire, avant de poster ? Ils en disent quoi ?

  • Piel, le 1er juin 2011 à 19h39

    Salut Loni, c'est drôle que tu me poses cette question... si je leur fais relire. Pour celui ci, ça a été le cas. Il l'a lu une fois posté et trouve que c'est une transcription juste et très poétique de son rêve. Il en était ravi. Je travaille ces texte en deux temps à partir d'interviews. Il y a d'abord la transcription exacte, mot pour mot, puis un passage à la troisième personne, l'élimination des redites, des scories langagières, la remise en place des éléments du récits qui sont parfois un peu désordonnés. J'essaie dans la mesure du possible de rester fidèle au champ lexical d'origine et à la formulation du locuteur, de manière à déformer le moins possible ce que l'on a bien voulu me faire partager.

  • Loni, le 1er juin 2011 à 23h34

    c'est très réussi, en tout cas !
    je comprends qu'il l'ait apprécié.

  • Nothishade, le 3 juin 2011 à 14h41

    C'est très beau ! Ce sont des amis à toi qui te racontent ces rêves ?

  • Piel, le 3 juin 2011 à 20h35

    Pas que... Ce sont les gens que je "déniche".

  • Loni, le 3 juin 2011 à 21h22

    Ha, j'avais pas compris ça comme ça. J'ai hâte de voir ton travail fini, en tout cas.

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