Au début, Jules volait dans les supermarchés à des hauteurs abyssales. Du moins, il essayait car c’était bien compliqué. Il prenait son envol les bras largement écartés, derrière les caisses, après avoir payé... ou pas justement, parce qu'il volait. Il prenait son envol en faisant la brasse devant cette espèce de grande double porte vitrée qui normalement s’ouvre comme par magie quand tu t'approches. Seulement là, ça ne marchait pas ! Il battait ; il battait l’air ; il faisait des bonds ; des grands bonds lunaires. C'est comme ça qu'il a compris que la brasse permettait l'envol. Forcément, la brasse...
A huit ans, il est Clark Kent. Sa mère le ramène de l’école en voiture et sur le trajet il ne pense qu'à une chose : l'entraînement psychologique auquel il doit se préparer avant de retrouver son ami au fond du jardin près d’une mare comblée de gravas. Chacun d'eux posté en tailleur aux antipodes de la mare s'applique dans ce face à face du mieux qu'il peut, les yeux fermés, la bouche close, la concentration doit être absolue si l'on veut pouvoir espérer croire que les corps décollent. Tout à la fois l'entraîneur et l'entrainé, les rêves sont pour eux une phase préparatoire aux vols que dans la vraie vie il seront amenés à faire et pour cela toute frontière avec le réel doit être abolie.
Jules passe beaucoup de temps à nager à des hauteurs extrêmement variables. Ça commence souvent comme un rêve marin, avant qu'il prenne son envol vers le haut, vers le bas, en général c'est au-dessous, au-dessus, au-dessous de l'eau. De toutes façons, ici, ça n’a plus grand sens de parler de haut et de bas.
A 27 ans, il nage la brasse entre les gratte-ciels d'une ville américaine et se pose sur le plus haut d'entre eux. Au loin, une ville dorée, petite, une petite ville dorée dans la nuit. C’est Paris, pense-t-il, en tout cas ce n'est que lumière et le sentiment de liberté est incroyable. Là, au-dessus, tout ce qu'il peut voir l'émerveille. Au dernier étage, le vernissage d'un peintre ultra prisé, sans mur pour accrocher les toiles, par les grandes baies vitrées qui les encerclent, seulement cette lumière, au loin. Il se contente d'observer ce mélange Chicago - Paris vraiment somptueux, c'est Gotham City sans doute puisqu'il pourchasse le Joker. Son rôle est bien défini, il doit simplement décoller dès qu'il aperçoit l'ennemi présumé. Il ne l'attrappe jamais, ce n'est pas le but. Dans ce rêve le Joker est un prétexte au déplacement. Une fois que ça commence, Jules va jusqu’au bout, n’atterrissant qu'au réveil, dans son lit, allongé.
Vol au dessus des raviolis | Le petit ballon |
J'ai failli te souhaiter la bienvenue, mais j'ai bien fait de consulter ta fiche avant ;)
Très sympa comme concept ! Il t'a raconté ses rêves de vol depuis sont enfance ?
J'avais envie de tester ça, j'espère que ça ne fait pas entorse à la déontologie du site ;)
Ce rêve m'a été raconté dans le désordre avec des allers retours entre chacun d'eux. Il a fallu remettre un peu d'ordre.
Pas de souci avec la ligne éditoriale, ne t'inquiètes pas ;)
Waouh, très bien écrit en tout cas. Vraiment sympa, oui. Moi aussi j'ai souvent volé en nageant dans mes rêves normaux, et ce depuis que je suis enfant. (l'un des derniers dont je me souvienne, j'échappais à une invasion de morts-vivants en nageant vers le haut).
Suite à une attaque de Spam, les commentaires anonymes sont temporairement désactivés