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Rêvé le 2 octobre 2009 - Nothishade avait 23 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

 

Tout cela se passe dans un monde à l'agonie. Certains endroits n'ont pas été beaucoup touchés par les catastrophes qui se sont abattues sur le monde : une maison style cottage dans laquelle vit une sorte de clan, une ancienne station de recherche sous-marine située dans un immense cratère, jadis un grand lac en voie d'assèchement... La terre n'a pas fini d'absorber les eaux du lac, et les marécages s'étendent à des kilomètres à la ronde, bien au delà de ce que nous considérons comme « notre territoire ». Ce paysage est notre horizon.

C'est là où nous vivons.

Nous sommes une trentaine de personnes peut-être, et nous avons bâti un village de fortune à cet endroit. Là où nous vivons, il n'y a pas de trou d'eau, ni de boue. Le sol a été épargné par les inondations. Pourtant, nous sommes à proximité du lac. Nos habitations sont des huttes de fortunes, faites de bois, de bric et de broc, que nous aménageons tant bien que mal avec ce que nous trouvons dans les marécages.

La plupart d'entre nous ne connait que notre territoire, et très peu de choses, sinon rien de ce qui se trouve au delà. Nous vivons de chasse, de pêche et de cueillette, revenus à un état relativement primitif.

Nous ne nous aventurons presque jamais hors de ce que nous considérons comme nos terres, car nous avons entendus des rumeurs sinistres, colportées par des gens de passages, faisant état de créatures horribles évoluant plus loin vers l'intérieur des marécages.

Pourtant, un jour, nous nous sommes aventurés plus loin, dans la partie humide et poisseuse des marécages, contraints par une pénurie de poissons et de ressources. Après quelques heures passées à patauger, nous sommes arrivés à un endroit où d'innombrables carcasses de vieilles voitures métalliques s'empilaient les unes sur les autres. Elles ont passé de nombreuses années à rouiller au fond de l'eau, avant que l'assèchement du lac ne révèle à nouveau leur existence.

C'est là, dans ce cet endroit encore poisseux d'humidité et puant le métal rouillé que les monstruosités des marécages ont surgi.

Parodies d'humanité ayant essayé de fuir une quelconque catastrophe dans les temps anciens et qui s'étaient pour cela jetés dans le lac avec leur véhicule en espérant échapper à leur destin.

Elles n'étaient plus que chairs boursouflées, d'immondes sacs de pourriture grouillant de miasmes. Certains de ces monstres étaient amputés d'un ou plusieurs de leurs membres, d'autres percés de part en part de fragments métalliques.

Durant la catastrophe, les visages de certains d'entre eux s'étaient d'une manière ou d'une autre décollés de leur crâne et s'étaient peu à peu déplacés, « glissant » au milieu de leur poitrine, sur leurs épaules ou dans leur dos. La peau de certains autres semblait avoir tout simplement fondu, ne formant plus qu'une bouillie de chair et de cloques recouvrant leurs muscles flétris, leurs organes pourris par l'humidité et leurs os brisés. Puis était arrivée la grande chaleur et sa sécheresse, qui avait fini de figer leurs traits en craquelant leur peau.

Tous avaient péri durant la catastrophe, brûlés, noyés dans les eaux sombres du lac, ou broyés lors de la chute de leurs véhicules.

Des tôles et des éléments rouillés de leurs voitures saillaient de leurs chair, remplaçant leurs os brisés et aidant ces masses de chair informes à ne pas s'affaisser sur elles-mêmes. Rien n'était plus répugnant et effrayant que la démarche hésitante de leurs jambes brisées, de leurs articulations disloquées par les tourments qu'ils avaient autrefois enduré. Seule les animait une rancune malveillante envers tout ce qui était parvenu à survivre. Nul ne sait comment, ni pourquoi, ces cauchemars de chair et de métal grognant, gargouillant et gémissant avaient pu survivre ou se relever d'entre les morts.

C'était donc sur ces abominations qu'étaient tombés certains voyageurs parvenus, terrifiés, à atteindre le village.

Et finalement, ça a été notre tour de les rencontrer. Et comme tous les autres, nous avons fui, et nous sommes retournés au campement. Mais il est trop tard, désormais. Elles nous ont suivis et ont noyé le village dans une brume impénétrable qu'ils viennent eux-mêmes d'exhaler. C'est la panique. Un grand nombre d'entre nous disparaît dans le brouillard nauséabond. Nous les entendons se faire dévorer à quelques mètres de nous. Mais nous ne les voyons pas. Le sang se fige dans nos veines alors que seuls nous parviennent les cris des victimes, et les horribles plaintes et grognement émis par les monstres.

 

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Nous fuyons. Je pense demander de l'aide au clan qui a investi l'ancien cottage. Mais ils ne savent pas quoi faire pour nous à part nous offrir de la nourriture pour notre voyage. Ils nous souhaitent bonne chance et nous conseillent d'aller nous installer plus loin.

Ils nous ont suggéré les ruines de la base sous-marine du lac, et c'est là que nous sommes allons, alors même que nous savons que l'endroit est réputé dangereux. Nous marchons quelques dizaines de minutes le long des chemins verdoyants qui jouxtent le cottage et bordent l'inquiétante forêt noire dans laquelle nul n'ose s'aventurer.

Nous arrivons finalement à l'ancien lac, où le sol est presque sec. Les derniers poissons sont morts asphyxiés il n'y a pas si longtemps. L'odeur de leurs corps en putréfaction et des algues en train de sécher produisent une puanteur abominable.

La base est là. Un gigantesque complexe, d'une centaine de mètres de long sur une cinquantaine de large. Elle est composée de salles métalliques rectangulaires reliées entre elles par des couloirs tubulaires de verre et de plastiques composites, sur lesquels peuvent se rabattre des volets d'acier. Le rez de chaussé, et peut-être même d'autres étages, se sont progressivement enfoncés dans le sol avec le temps.

Nous trouvons une entrée dans un étage en hauteur, et commençons à explorer l'intérieur, dans lequel des désespérés ont été pris au piège d'une manière ou d'une autre. Il ne reste que leur squelette et des lambeaux de leurs vêtements. L'eau à l'intérieur a stagné et n'a jamais pu s'évaporer, aussi la plupart des salles sont encore partiellement inondées, et couvertes d'une incroyable couche de crasse et d'algues. D'autres ossements flottent encore çà et là. Du limon s'est déposé un peu partout. Nous commençons à nettoyer tout ça, lorsque nous entendons une explosion lointaine. A l'extérieur, le ciel se couvre soudainement. La pluie a commencé à tomber, et en un rien de temps, le lac est de nouveau submergé par les eaux. Nous sommes à notre tour pris au piège de la base.

Réveil.

 

Un cauchemar vraiment puissant, les créatures du marais étaient réellement effroyables ! Elles ressemblaient aux créatures répugnantes du jeu vidéo Silent Hill, mais encore plus tordues et malsaines, encore plus effrayantes.

Par chance, je peux certifier la date de cet ancien rêve, car il a eu lieu dans la nuit qui a suivi le concert de Fever Ray que nous sommes allés voir avec Amelia à Montréal. Le concert était vraiment génial, il rendait tout à fait cette ambiance cauchemardesque que le groupe a su inventer.

Je joins un de leurs clips pour illustrer ce que je veux dire : on y voit rien de "traumatisant", mais je trouve la manière de filmer, les décors et la musique envoûtants... Karin Dreijer, la compositrice et chanteuse, a reconnu s'inspirer de ses cauchemars pour écrire la musique et les textes de son projet solo, et je trouve que ça se voit !

Thaïlande, Taj-Mahal et saucissonLes spectres griffus

Commentaires

  • Loni, le 28 avril 2011 à 12h31

    Un de tes meilleurs rêves jusqu'à présent, si ce n'est LE meilleur ! tes descriptions sont superbements détaillées, je voyais les créatures devant moi !
    Il y a là de quoi travailler sur une adaptation, c'est sûr !

  • Nothishade, le 28 avril 2011 à 16h16

    Merci, mais ce cauchemar n'aurait pas été possible sans le concert qui avait eu lieu juste avant : merci Fever Ray !

    Les créatures qui surgissent de la brume, c'était le quasiment le prolongement direct du concert de la veille : la salle noyée dans la brume, la lumière bleu-vert inquiétante qui vient de derrière la scène et n'éclaire que les silhouettes des musiciens, qui portent des costumes inquiétants (la chanteuse nom de dieu, qu'elle est flippante avec son costume de chamane !)... Et à chaque percussion, chaque battement de coeur, les lumières jaunes faiblardes de petites lampes de chevet qui s'allument et n'éclairent la scène que le temps d'un battement de paupière... Il faut le voir pour comprendre ! Du coup, ça a vraiment influencé mon inconscient ce soir-là !

    En fait, c'est le tout premier rêve que j'ai rédigé avant d'attaquer mon journal de rêve actuel. Il fallait que je le mette celui-ci, c'était inévitable, un des plus puissants cauchemars que j'aie fait ! J'ai dû l'écrire à peu près un an plus tard, mais je l'ai encore en tête clair comme de l'eau de roche !

  • Loni, le 28 avril 2011 à 16h29

    C'est le propre des excellents rêves ;)
    Il y a un DVD de ce concert ?

  • Nothishade, le 28 avril 2011 à 16h32

    Il existe une version "deluxe" de l'album avec un DVD des clips, mais pas de DVD de concert. Dommage ! (je déconseille les live youtube, qui sont affreux... sauf peut-être si tu arrives à faire abstraction du son pourri, et juste d'imaginer ce que ça peut donner en live à partir des images... surtout le coup des lampes qui s'allument au rythme des percussions...)

  • Akilantropek, le 2 mai 2011 à 18h56

    Ahh Fever Ray! Je suppose que tu connais The Knife aussi alors?
    Tu en as de la chance d'avoir fait un concert, faudra que j'y pense! :O
    (Surtout si après tu fais des cauchemars aussi parfaits!)

  • Nothishade, le 2 mai 2011 à 19h05

    Oui Akilantropek, Fever Ray est l'un de mes groupes préférés actuellement. Un seul album, mais qu'est-ce qu'il est bon ! Je ne me lasse ni de l'écouter, ni d'en regarder les clips (pour une fois que des clips sont aussi recherchés, en plus, autant en profiter !).

    Je connais The Knife, oui, mais en fait, j'ai presque honte de dire que j'ai découvert The Knife après Fever Ray... et que je préfère Fever Ray (généralement, les fans veulent me pendre quand je dis ça).

    Si tu es aux USA, il y a de bonnes chances pour que le groupe tourne là-bas un de ces quatre, n'hésite pas une seconde si tu as les moyens d'y assister ! Je ne garantis pas un cauchemar sur le court-terme, mais comme expérience, c'est sûr que ça te marquera ! ;)

  • MagicEtincelle, le 19 novembre 2011 à 12h53

    Waouh, quel rêve incroyable ! Comme Loni l'a dit, en adaptation cinématographique ça ferait un malheur. Et ça serait surement bien mieux que bcp de scénarios qu'on nous pond ces derniers temps et sur lesquels des gens ont réfléchi des mois ^^
    Franchement je suis épatée ! Ton rêve est très intéressant et très structuré (enfin logique d'un bout à l'autre quoi).

  • Nothishade, le 19 novembre 2011 à 13h32

    Bienvenue MagicEtincelle, et merci beaucoup pour ton gentil commentaire !
    En fait, quoi que je fasse de mes rêves, c'est surtout leur ambiance, plus que leur scénario, que j'aimerais retranscrire de manière artistique.
    C'est vrai qu'après avoir lu les rêves de beaucoup de gens, écouté ceux de ma famille etc, je crois que je peux dire que mes rêves sont plus cohérents que la moyenne.
    Par contre, pour le cinéma, je pense que ça serait trop proche niveau scénario de Silent Hill ou de The Mist pour que ce soit réellement intéressant (à moins de bosser l'ambiance à fond !). Sinon, tout à fait d'accord pour dire que le cinéma manque un peu d'audace depuis quelques temps !

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