Le donjon de la lande
Nous vivons dans un château, au beau milieu d'une lande désolée comme il y a au nord de l'Écosse. Le château est construit tout en hauteur, avec cinq à huit étages. Il ressemble plus à un donjon construit sans raison au beau milieu de nulle part qu'à un vrai château médiéval. Une sorte de version sombre et tordue d'un château de contes de fées, davantage protégé par son aspect effrayant et par sa hauteur intimidante que par un quelconque système de fortifications extérieures. Son toit sombre s'élance vers le ciel, comme un ongle noir cherchant à griffer un ciel gris et chargé de pluie, une chape de plomb menaçante qui recouvre éternellement la lande froide et tous ses horizons. Des vitraux colorés mais sombres représentant des scènes blasphématoires et choquantes à l'humour irrespectueux et malsain tamisent le peu de lumière qui parvient à pénétrer l'intérieur des murs de pierres noires usés par l'éternité.
L'intérieur, quant à lui, offre toutes les espèces de conforts possibles. Contrairement à l'image menaçante qu'elle renvoie du côté extérieur, les murs de pierre noire produisent à l'inverse une sensation d'intimité chaleureuse, à l'intérieur. A certains endroits, dans les pièces importantes comme les salons ou les chambres, de lourdes tentures sombres, aux couleurs reposantes pour l'œil, recouvrent les murs. Dans les salons et salles à manger, il y a des banquettes, canapés, et fauteuils agrémentés de coussins douillets et de couvertures douces et soyeuses, des tables de bois sombre et massif sur lesquelles sont posées de nombreuses corbeilles de fruits de toutes les espèces, de larges cheminées de pierres aux feux perpétuels dans lesquelles rôtissent de grandes pièces de viande. Dans les couloirs, des braseros de fer forgé, des tentures de monstres mythologiques effrayants mais sympathiques. Dans les chambres, d'imposants lits moelleux, de gros oreillers de plumes et des cheminées personnelles. Partout, de larges bibliothèques, de grands étagères, tous couverts de livres, de fioles colorées et de mécanismes mystérieux.
Nous sommes huit à vivre ici, tous plus fous et déjantés les uns que les autres, grimés en bouffons inquiétants, nos visages blafards et nos sourires figés à jamais dans une expression de joie malicieuse. Nous sommes tous bien trop abjects, et nos plaisanteries sont trop sincèrement méchantes pour que nous soyons de nouveau acceptés à la cour d'un prince quelconque. Aussi sommes-nous condamnés à demeurer seuls dans cette forteresse hors du monde, prison dorée que ceux qui nous craignent ont bâti pour nous y enfermer. Désormais, le donjon résonne de nos rires joyeux qui se répercutent éternellement dans ses couloirs.
Et nous vivons heureux notre vie faite d'amusements et de plaisanteries, de lecture et de culture, de créations et d'inventions. Ce château à notre image : repoussant de l'extérieur, mais accueillant et confortables pour quiconque en oserait franchir les lourdes portes de bois sombre et de métal noir.
Période indéterminée pour celui-ci. C'était pendant mes années fac, mais quand, je ne sais plus...
Je ne sais plus quand j'ai fait ce rêve, probablement il y a un peu plus de trois ans. Cela devait être dans les années durant lesquelles je lisais de la fantasy, et j'écoutais beaucoup de musique folk et darkfolk. Je n'étais pas encore allé en Écosse à l'époque, mais c'était déjà dans mes projets, car à l'époque c'était un des pays dans lesquels je pensais m'installer un jour. Ce n'est plus le cas désormais, même si depuis je m'y suis rendu et que j'aime beaucoup ce pays.
Ce rêve avait vraiment une atmosphère unique, gothique et merveilleuse, inquiétante et confortable à la fois. Je n'étais pas un personnage en particulier, c'était plus comme si j'étais un spectateur de tout ça, ou plutôt même un « visiteur ». Dans beaucoup de mes rêves anciens et dans certains de mes rêves les plus marquants, les plus poétiques, je ne suis pas un personnage en particulier, mais j'assiste aux « aventures » de groupes de personnages, ou alors je visite assez librement des lieux hors du commun, comme un fantôme qu'aucun obstacle ne peut arrêter et auquel personne ne prête attention.
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Commentaires
Loni, le 28 avril 2011 à 12h35
Il est très bon, celui-là aussi : l'ambiance est un peu pesante, mais bien rendue !
Tu l'as rédigé récemment ?
Nothishade, le 28 avril 2011 à 16h06
Celui-ci était très agréable malgré son ambiance pesante... c'est ce qui fait qu'il m'est resté. J'aimais bien les bouffons-savants aussi, puis le décor hors du temps.
Loni, le 28 avril 2011 à 16h28
Oui, les personnages ont l'air hauts en couleur, à faire les parias cultivés !
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