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La voisine rouquine

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Tout commence un matin, alors que je tiens un stand en bas du bâtiment où j'habite. Ce stand est une sorte d'atelier en plein air dont la thématique est l'écriture des rêves. Je suis en compagnie d'un homme chatain avec des lunettes et un bouc, et ma foi, il me semble fort ressembler à Loni. Nous sommes chacun assis derrière un ordinateur, à écrire nos rêves (je ne me souviens plus de celui que j'étais en train d'écrire). Je parle un peu à Loni, mais je ne me souviens plus de ce que je lui dis. Je ne suis pas surpris de le voir en vrai, j'ai l'impression de plutôt bien le connaître dans ce rêve.

Alors que je suis en train de taper un de mes rêves sur mon ordinateur portable, Loni me fait remarquer que derrière nous, une femme est en train de nous observer, depuis un balcon du cinquième étage.

C'est une jeune rouquine aux cheveux courts, très jolie. De là où je suis, elle a un look alternatif, plutôt punkette. Je comprends que, malgré la distance, elle est en train de lire nos rêves. Je trouve ça un peu audacieux de sa part, mais je ne dis rien.

Elle sait que nous l'avons remarquée, et elle me lance : "bonjour ! Dites, est-ce que vous êtes bon en programmation ?".

Je lui réponds honnêtement que je n'y connais absolument rien. Je me demande si elle ne dit pas ça pour faire semblant de ne pas arriver à lire nos journaux, alors que je sais qu'elle les a lus.

Elle me répond "c'est pas grave".

Puis elle enchaîne "je peux vous demander autre chose ?".

Je lui demande quoi.

"Il y a un truc que j'aimerais vous faire faire, je n'y arrive pas toute seule."

OK. Elle est trop mignonne pour qu'on lui refuse quelque chose. C'est quoi ?

"Vous verrez, un truc à monter. J'habite au 501, vous pouvez venir maintenant ?"

J'y vais.

(...)

Je suis au cinquième étage de notre bâtiment. Tout est plus pur et légèrement plus grand, et l'ambiance est légèrement plus feutrée qu'en vrai. Il me semble qu'il y a des tapisseries d'un vert paisible et des lampes au mur comme il y a dans les hotels anciens, qui éclairent la scène d'une agréable et douce lumière jaune. Une porte se démarque de toutes les autres : elle est en bois massif, et est ornée de multiples décorations. Le 501, c'est ici. Je m'avance vers la porte, mais celle-ci s'ouvre devant moi avant même que je n'aie le temps de signaler mon arrivée.

La jeune femme rousse me fait entrer dans son hall. Elle n'est pas aussi punk que lorsque je l'ai vue à son balcon. Elle a toujours ses cheveux roux coupés très courts, mais elle porte maintenant une vieille mais élégante robe du même vert paisible que les tapisseries du pallier de l'étage, avec également quelques très jolies dentelles blanches. On dirait l'une de ces robes que les femmes aisées portaient au dix-neuvième siècle. Ma "voisine" est encore plus jolie de près, des yeux verts qui contrastent avec ses cheveux roux flamboyants, une peau blanche à la texture parfaite et pure... et je dois dire que même si je suis légèrement déçu qu'elle ne soit pas aussi "punkette" que ce dont elle avait l'air de loin, cette robe ancienne lui va tout de même à ravir. Elle me fait signe de la suivre.

Elle se déplace avec aisance et me fait traverser une partie de son appartement, que je trouve... immense ! Partout, il y a des boiseries harmonieuses, de riches bibliothèques, mais aussi des appareil high-tech parfaitement intégrés dans le style ancien des lieux. Elle m'emmène dans ce qui ressemble à une très grande cuisine. D'un signe du menton, elle me désigne un carton posé par terre. Je me rends compte que j'aime beaucoup le style de cette voisine, à mi-chemin entre l'élégance ancienne, et l'audace confiante, moderne.

Qu'est-ce qu'il y a dans ce carton ?

"Une table que j'aimerais que vous montiez."

Vraiment ? Une simple table moderne à monter alors que votre mobilier est magnifique... ça ne va pas un peu jurer ? Ce serait pas un peu dommage ?

"Mais c'est une jolie table. Et puis, vous ne comprenez pas, je veux faire croire à certaines personnes de ma connaissance que j'ai hérité de cette table.

Ah. D'accord

Je ne suis en effet pas certain de bien comprendre, mais je vais tout de même exécuter sa volonté, maintenant que je suis là.

(...)

Elle continue à me faire visiter son appartement. Le balcon où elle se tenait est immense ; par rapport à ceux de tous les autres étages, celui-ci constitue une véritable terrasse où sont posées des chaises et une table d'extérieure en bois, une chaise longue et des plantes en pot. Ensuite, je remarque d'immenses escaliers en bois sombre verni, aux rambardes finement sculptées, qui auraient plus leur place dans un manoir luxueux que dans les appartements de ce bâtiment. D'ailleurs, quand j'y pense, s'il y a des escaliers dans cet appartement... cela veut dire qu'elle possède aussi l'appartement de l'étage d'au-dessus ? Impressionant. Et ça continue. Partout dans cet appartement, un mobilier et des boiseries qui respirent le luxe, des tableaux anciens... des signes d'une richesse évidente, mais une richesse non ostentatoire, une richesse sereine, pleine de goût et de bien être.

A un moment, je vois qu'il y a des tableaux où figurent plusieurs scènes ou portraits de Napoléon Ier. Je lui demande si ce sont des originaux. Elle me répond "oui, mais ce ne sont pas des oeuvres de maîtres, ils n'ont aucune valeur. Je les ai juste mis là parce que je les trouve jolis." Je finis par lui dire que son appartement est vraiment magnifique.

"Vraiment ? Tu me montreras le tien."

Oh ça non, le nôtre est trop modeste et dérangé, il me fait honte.

Nous finissons par arriver dans une grande pièce un peu plus moderne mais tout aussi harmonieuse que le reste de l'appartement. Cette pièce a un haut-plafond. Je me rends compte, qu'en plus, nous nous tenons au bord d'une mezzanine : la pièce continue en dessous de nous, en bas d'escaliers. Cela veut dire qu'en plus de posséder une partie de l'étage du haut, elle possède en plus une partie de l'étage du bas. C'est difficile à croire vu que l'immeuble ne semble pas receler un tel luxe vu de l'extérieur, mais après tout, on ne voit rien de ce qu'il contient. Au bas de la mezzanine, un grand salon avec beaucoup d'espace, des tapis de plusieurs sortes d'étoffes, plusieurs canapés réunis autour d'un écran géant, et une grande baie vitrée qui donne une vue magnifique sur l'extérieur.

Elle profite de mon examen des lieux pour s'avancer vers moi et m'enlacer. Je ne suis pas étonné, je sentais que depuis le début, il y avait anguille sous roche. Je la laisse faire, je me sens tellement bien auprès d'elle. Mais avant que ça n'aille plus loin, je la repousse gentiment en prenant un air gêné et peiné. Après tout, j'ai déjà une copine, à qui je ne peux pas faire ça. Mais... après tout, si cela reste secret, est-ce que vraiment c'est si grave ? Difficile de faire un choix entre l'intégrité et le bonheur...

Ce doit être pour cela que je me suis réveillé à ce moment-là !

Un gros pavé, noté en détail juste après mon réveil, puis réécrit en étant bien concentré. Voilà ce que ça donne. Dans un monde parfait, tous mes rêves sont aussi détaillés !