Je suis dans un bâtiment géant qui sert de lieu de cours à beaucoup d'écoles. Il est si spacieux qu'on a l'impression qu'il n'y a que peu d'élèves. Nous sommes pourtant plusieurs milliers à venir ici chaque jour. Certains peuvent y dormir, un service y loue des petits studios bien pratiques et à prix peu élevés. C'est un endroit dans lequel on se sent facilement bien. Après avoir croisé un groupe de filles en peignoir ou quelques garçons en chaussettes et en boxer, on n'a plus peur d'être ridicule et on est plus à l'aise.
J'aime cet endroit. Probablement y ai-je aussi un petit chez moi, certainement très mal rangé mais dans lequel je suis bien installée. C'est l'heure du cours de Camus, le professeur que ma classe rencontre le plus souvent dans la semaine. Je n'ai que peu envie de m'y rendre, alors je prends mon temps.
Je suis en compagnie de Copain, qui ne suit pourtant pas de cours. Nous rions beaucoup et avons tendance à chahuter sur le chemin.
Toutes les salles de classes et les petits studios sont organisés autour d'un énorme hall principal en forme de cercle. Le plafond de ce hall est le toit en verre du bâtiment. Des teintes chaudes le décorent : du brun, du rouge foncé, du bordeaux. Des couleurs de luxes qui me font penser à l'intérieur du Titanic en plus grand. Les rampes des escaliers de couleur or. Le sol de marbre foncé. Les murs brillants comme s'ils étaient faits de pierre polie. Tout respire la richesse, mais une richesse convenablement partagée, et donc belle.
Au rez de chaussée, on trouve plusieurs portes le long du périmètre du hall. Chacune donne sur un service différent : le service du Droit, le Service des Sciences, le service Hospitalier qui accueille grand nombre d'étudiants dans le domaine, mais aussi tous ceux qui souffrent de maladies ou de blessures... Un hôpital internet en somme, dont les soins sont offerts à toutes les personnes inscrites au campus.
Au centre du hall se trouve un immense escalier en colimaçon, composé de marbre et de matériaux tout aussi luxueux. Chaque étage est raccordé à cet escalier par un mince pont menant à une passerelle qui fait le tour du hall (périmètre). Plusieurs salles sont ainsi directement accessibles à partir du hall1.
J'ai une soudaine envie de tester ma force, probablement due à la présence de mon frère. Je décide que je vais monter jusqu'au premier étage (ce ne sont pas des petites étages, évidemment) que par la force de mes bras. Pour ce faire je me place à côté des marches, du côté extérieur de la rampe de l'escalier, et j'attrape le premier pied de celle-ci. J'attrape le second de mon bras gauche, et m'apprête à faire des petits "saut" entre chaque pied gravir les marches2. Bien que cela me soit certainement impossible dans la réalité, j'arrive sans mal au premier étage.
Je me dirige alors vers ma prochaine salle de cours.
*
Le cours va commencer. Peut-être qu'il va y avoir un devoir surprise... A moins que celui-ci ne soit pas « surprise », et que je sois seulement mal informée. Je ne suis pas préparée. Je ne ressens pas de nervosité face à cette non-préparation qui annonce pourtant de mauvais résultats... Je m'installe à une petite table au milieu de la pièce, tandis qu'un brouhaha envahit la pièce au fur et à mesure que les élèves arrivent.
Tous parlent de ce devoir, qui semble de plus en plus inévitable. Le professeur fait son entrée. Quelque chose m'agace dans son expression. Je ne comprends pas tout de suite que cela est inhabituel. Il s'évertue à instaurer le silence dans la salle. Il parle pendant quelques minutes, debout devant le tableau blanc. Je ne parviens pas à capter un seul de ses mots. Je suis ailleurs, dans un état qui ne me ressemble pas. Je ne suis pas moi-même. Peut-être que je me sens trop bien.
Soudainement je me lève, sans prendre mes affaires... Je ne me rappelle même pas avoir pris mon téléphone que je ne quitte pourtant jamais. Je sors de la classe, sachant pertinemment qu'en ayant laissé mes affaires, Camus pensera que je me rends aux toilettes.
Je me retrouve dans le couloir dont un côté donne sur le vide du grand hall. La rambarde est dorée, lisse, froide. Je déambule lentement, en direction des toilettes parce que je ne sais pas exactement où je vais. Je passe devant une sorte d'accueil. Des femmes (principalement) sont là pour répondre aux questions des étudiants et toute autre personne vivant ici concernant beaucoup de sujets (restauration, logement, soins médicaux, activités extrascolaires etc).
Il y a un évènement cette semaine, raison pour laquelle deux femmes s'occupent d'un petit stand très mignon. Y sont entreposés de nombreux petits carnets avec lignes, destinés à ce que chacun puisse écrire autre chose que des cours. Je les trouve joli. La dame me propose d'en prendre un. Je lui réponds que je n'ai pas d'argent. Elle émet un petit rire avant de m'apprendre qu'ils sont gratuits, et que je peux en prendre un.
- Vous avez voté pour ça !
Je me rappelle avoir voté pour des carnets il y a peu, parmi un large choix d'objets qui auraient pu être proposés à la place. Je souris, et examine de plus près chaque carnet, afin de prendre celui qui semble être le meilleur à mes yeux.
Il n'y a pas de limite, je pourrais en prendre un de chaque si je le souhaitais, mais cela ne me vient même pas à l'esprit. Tout est tellement orienté partage... Je ne voudrais pas que quelqu'un ne puisse en avoir parce que j'en ai pris deux.
Mais je ne parviens à me décider, et me résous à revenir plus tard.
Je devrais retourner en cours... Le professeur va finir par comprendre que je ne suis pas allée aux toilettes. Mais est-ce qu'un professeur de sexe masculin peut-il prétendre pouvoir évaluer combien de temps une dame peut rester aux toilettes ? Je continue ma promenade dans le bâtiment.
Bien qu'il fasse jour, le ciel est très sombre, et le bâtiment s'en retrouve sous éclairé. Cela lui donne un air mystérieux que personne ne veut rompre : tout est silencieux. Je marche d'un pas doux, explore des lieux où je ne suis pas allée. Je cherche les recoins les plus sombres du bâtiment. Arnold me rejoint et nous décidons d'entrer dans l'hôpital.
Comment le visiter si je ne me blesse jamais et ne tombe jamais malade ? En empruntant les voies interdites au public.
Nous nous retrouvons dans des couloirs blancs après avoir franchi la porte que personne n'a le droit de pousser sans raison. J'ignore pourquoi la sécurité est aussi faible en ces lieux... Peut-être que celle-ci est basée sur la confiance. C'est bien plus éclairé que dans le hall, les murs sont blancs, éclairés de blanc par de simples néons. Les portes sont vertes, comme les tenues du personnel, comme les gants des chirurgiens. Le silence est tel qu'il en est presque pesant. Est-ce pour respecter les malades ? Ou parce que ce qui se dit doit demeurer secret ?
Une infirmière sort d'une pièce avec hâte. Elle a les deux mains relevés, ses gants sont plein de sang, elle ne veut pas se tacher davantage. Ses pas sont urgents. Elle nous regarde à peine lorsqu'elle passe devant nous, mais son expression n'en demeure pas moins clair : nous ne devrions pas être là.
Il est probable que nous prenons des chemins différents par la suite, certainement sans nous en rendre compte. Je finis par me demander où il a bien pu passer. Le silence est trop pesant. Chaque son qui le brise glace mon sang de plus en plus. Je sens que quelque chose ne va pas. Je tente de faire demi-tour, mais les murs blancs se ressemblent, et je mets longtemps à retrouver mon chemin.
Lorsque j'arrive devant la salle de classe, les choses commencent à montrer leur vrai visage. Les murs s'assombrissent, comme s'ils s'imbibaient de sang et de ténèbres. Tout est confus. La salle de classe est toujours éclairée, il me semble que les élèves sont partis, ou ont disparu. Peut-être ont-ils été dévorés ? Le mur au tableau blanc est maintenant rouge et noir. Cela ressemble à un portail donnant sur l'obscur, sur quelque chose qui n'aurait pas dû être ouvert. Je distingue, loin et près à la fois, le regard fou de Camus. Sa peau est devenue sombre, ses veines se tracent sur son visage, et le blanc de ses yeux est noir. Ce n'est pas le professeur... C'est un monstre.
Je ne sais ce qui m'amène à penser cela, mais je sens qu'il en a après moi, que j'ai quelque chose qu'il veut. Quelque chose qui me tuera s'il le récupère, et qui anéantira nos chances de survie. Je suis importante. Je me retourne aussi vite que je peux, mais mon mouvement semble être tellement lent.
J'essaye de courir, mais à la manière d'une locomotive, mes mouvements sont lourds, et je tarde à prendre de la vitesse. Il est derrière moi, il va m'engloutir... Je cours.
Je descends les escaliers. Ils semblent avoir tellement plus de marches, leur hauteur semble tellement plus démesurée que d'ordinaire. Tout est disproportionné. Le plafond est plus haut, les murs plus éloignés, l'escalier plus étroit et plus haut. Comme si je descendais aux enfers...
Je cours. Je cours tout en réfléchissant à ce qu'ils peuvent bien vouloir chez moi. Je me concentre. Je me concentre... Je cherche tout au fond de moi, au-delà du froid et de l'hiver, du gel et de la neige, je cherche et je finis par sentir une chaleur. Une petite boule de chaleur que je n'avais jamais remarquée auparavant. Je continue dans cette voie, j'essaye de voir plus profond, de sentir mieux qu'est-ce qui peut générer cette chaleur... Une petite flamme... Une toute petite flamme qui ne demandait qu'un peu d'attention.
Je gratte encore un peu, et comme si j'avais brisé la coquille qui l'empêchait de sortir, je la sens se répandre tout en moi, doucement. Elle me fait sortir de mes pensées et revenir à la réalité, et je me sens plus forte.
Je cours toujours, mais je souris, parce que je sais ce qu'il veut, et je sais comment lui échapper temporairement. Je laisse la chaleur m'envahir complètement, du cœur aux extrémités de mon corps, elle passe partout.
Je parviens à franchir la grande porte d'entrée du bâtiment, et arrive dans un paysage d'apocalypse. Les nuages sont noirs et bien trop bas. Le vent souffle et m'empêche d'avancer à ma guise. Je décide d'essayer des choses, j'y crois sans savoir si c'est une erreur, j'y crois parce que je m'en sens capable. Je saute et pense très fort à rester dans les airs, hors de portée de Camus qui est toujours à mes trousses.
Alors je me retrouve en hauteur, à contempler de haut la tempête. Je distingue au loin une petite maison3.
Je reste dans les airs un moment, jusqu'à ce que ma crainte ne me rattrape, et que je chute dans un buisson, au pied d'un arbre.
La douce chaleur est toujours en moi, mais elle s'atténue lorsque je cède petit à petit au désespoir. La pluie tombe et je suis mouillée. Mes membres deviennent rapidement froids, et je ne bouge pas. J'ai bien trop peur de sortir, j'ai bien trop peur d'ouvrir les yeux et de voir à nouveau son regard fou. Je sens une main chaude se poser sur mon épaule nue.
Je devrais sursauter, hurler, céder à la panique et penser que tout est perdu... La chaleur de cette main me berce et j'ouvre lentement les yeux. Il s'agit d'un homme, un inconnu. Il me parle doucement, m'explique que ça faisait un moment qu'il m'attendait, et qu'il faut partir avant que la chose n'arrive. Il me montre comment faire. Il bondit avec moi dans ses bras, s'arrête un moment dans les airs afin de s'orienter face à la maison, puis s'y rend à toute vitesse.
Nous sommes à l'abri. La créature ne peut pas entrer ici.
Il faut y retourner... J'ignore pourquoi. Je sens qu'il faut y retourner. Le groupe de personnes qui m'accueille est très chaleureux et panse mes égratignures. Ils me remettent rapidement sur pieds...
Retrouvailles interdites | 50-52 |
Tu décris vraiment tes rêves de manière détaillée, l'athmopspHére est palpable et l'action se tient bien, c'est assez incroyable ! J'ai un peu l'impression d'être dans "Harry Potter" au début et "Divergente" à la fin :) Ca fait longtemps que tu écris tes rêves ? Je me dis que oui, vu le monbre de détails !
Je suis d'accord avec Scnubidu, ce rêve est très bien écrit, et j'aime beaucoup le soin apporté à la description des différents lieux et atmosphères.
De même que certaines idées : l'université où tout est partagé, y compris la richesse, ça me rappelle certains de mes rêves.
Mais sous le vernis du luxe, il y a toujours un cauchemar rampant, caché.
Enfin, ravi que ça aie bien fini malgré tout. Les pouvoirs que tu gagnes à la fin du rêve (la chaleur intérieure, le fait de pouvoir "léviter") me font également penser à des pouvoirs de rêve lucide. Peut-être que tu t'en rapproches ! :-)
Dernière petite chose : c'est marrant, mais le même jour j'ai fait un rêve / cauchemar assez semblable au tien, dans les grandes lignes : un endroit luxueux (moi c'était un hôtel de luxe), dans lequel un monstre effroyable me poursuit en massacrant tout le monde sur son passage. Je vais l'écrire pour le coup.
Scnubidu : Ça fait assez longtemps que j'écris mes rêves, bien que je ne le fasse pas assez régulièrement à mon goût ! Ça prend du temps malgré tout. Je crois que le premier rêve écrit qui traîne quelque part chez moi date du collège... Avec Tom Welling dans le rôle de Clark Kent !
Nothishade : Je suis contente que ça te pousse à écrire ton rêve. Je serai ravie de le lire !
Les deux : je n'ai pas terminé de l'écrire, j'ai été pris de court par "l'heure de rentrer" chez moi hier soir, et j'ai oublié de le continuer. J'en ferai un deuxième pour raconter le peu qui reste à raconter... Car je ne m'en souviens pas beaucoup et c'est très flou.
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