I.
Je dors, profondément, d'un sommeil lourd et reposant. Je suis détendue. Quelque chose vient rompre ces instants doux et je me réveille.
La pièce est sombre, il fait encore nuit. Je ne suis pas à l'aise sans savoir pourquoi. Je suis dans ma chambre, dans mon lit, dans l'angle de la pièce qui ne me permet pas de voir la porte et donne vue sur la fenêtre. Il n'y a pas un bruit, pas une lumière. Ce n'est pas encore l'heure de se lever. Pourquoi donc me suis-je éveillée aussi tôt ?
Peut être une envie pressante nocturne. Pourtant je ne sens rien. Peut être quelqu'un s'est-il levé pour cette raison-là... Mais je n'entends rien. Il n'y a rien d'anormal, rien d'étrange ou d'inexplicable. Je suis tout de même persuadée que quelque chose ne va pas.
J'essaye de me raisonner... Il n'y a aucune raison de commencer à avoir peur. Il n'y a rien dans le noir de ma chambre... Rien que je ne puisse voir en tout cas. Je décide qu'il est préférable d'allumer la lumière, afin d'apaiser mon être et de pouvoir me rendormir. Je tends le bras au dessus du vide qui sépare mon matelas de ma table de nuit, j'attrape le câble de ma lampe de chevet et appuie sur le petit interrupteur.
Une lueur chaude envahit la pièce, il n'y a effectivement rien d'anormal dans celle-ci. Je commence à mieux respirer et m'apprête à lâcher l'interrupteur pour m'enrouler dans la couette. C'est alors que quelque chose me saisit au poignet.
La sensation fait penser à une main, je sens qu'une main serre mon poignet et m'empêche de bouger. Je la sens, je peux voir les tissus de mon bras être comprimés sous l'effet de la pression... Mais il n'y a rien autour de celui-ci. Rien. Rien que je ne puisse voir.
Je comprends immédiatement ce qui est en train de se passer. Je comprends que si je ne le vois pas, c'est certainement parce que ce n'est pas du même monde, ou bien que c'est déjà mort depuis longtemps... Je ne peux formuler les mots dans ma tête.
Je ne crie pas, ni ne hurle. Une vague brûlante de panique me fait frissonner de la tête aux pieds.
NON !
Je ne veux pas que cela m'arrive, je ne veux pas que cela soit en train d'arriver. Comment me défendre face à quelque chose que je ne peux voir ni entendre. Quelque chose qui peut me toucher mais que je ne peux frapper ?
La panique... Ces sueurs qui humidifient tout mon corps, Ma respiration qui s'accélère... Je me rends audible ! Que puis-je faire ? Bouger le bras ? Et si plus de choses se manifestaient à cause de ce simple mouvement ? Est-ce hostile ? Qu'est-ce ? Je ne veux pas que ça m'arrive.
Alors je fais ce qu'on m'a enseigné. Que fait un croyant en cas d'extrême urgence ? Il demande l'aide du tout puissant en lequel il croit. On ne peut pas savoir si ça marche.
Toujours est-il que c'est après avoir prié que mes yeux s'ouvrent réellement et que je me réveille. La chambre est sombre. Aucune main invisible ne vient attraper mon bras lorsque je tends celui-ci pour allumer la lumière. Celle-ci chasse les ombres. Ma respiration ralentit peu à peu. Je suis moite. J'ai chaud. Et la peur a réveillé ma vessie.
Il n'y a rien dans la pièce et la sensation étrange a disparu. Je sais que je suis seule, et que cette fois c'est bien vrai.
II.
Semblable à la première fois. Mais il faut que les choses soient différentes pour que mon esprit se fasse avoir à nouveau. C'est le même principe que les dents qui tombent. On finit par savoir que ce genre de choses n'arrivent que dans les rêves... Si je me retrouve avec l'intégralité de ma dentition dans les mains, c'est que je suis dans un de mes mondes oniriques.
Pour que mon esprit se fasse avoir, les choses se déroulent d'une autre manière à chaque fois. Peut être vais-je perdre mes gencives, ou celles-ci vont se mettre à enfler. Peut être que je vais perdre mes dents, mais celles-ci seront collées entre elles, et possibles à remettre en place dans les espaces vides laissés dans ma bouche. Tout cela n'a pas de sens, mais du moment que c'est différent, je ne peux savoir si je rêve.
C'est ce qui se passe cette-nuit là. Je me réveille dans mon lit, dans ma chambre, dans le noir, avec une étrange sensation. Il n'y a rien dans la pièce, rien que je ne puisse voir dans le noir. Pourtant quelque chose ne va pas.
Je tends le bras, luttant contre cette part de moi-même qui préfère se réfugier sous la couette. J'appuie sur l'interrupteur, et ramène vite mon bras dans mon lit. La lumière se diffuse. Il n'y a rien dans la pièce. Je commence à me rassurer, j'ai paniqué pour rien.
Un chat qui marche sur mon lit. C'est ce que je sens, mais il n'y a rien sur mon lit. Ma couette s'enfonce pourtant. Je sens le poids sur mes jambes étendues. La fréquence de ces pressions augmente, s'accélère, et toute la couette se met à trembler sans raison, possédée par quelque chose que je ne peux voir ni entendre. Peut être rit-il de ma peur.
A nouveau ma respiration s'accélère, je transpire, je ne sais pas quoi faire. On ne m'a pas préparé à combattre des couettes en mouvement.
Alors de nouveau, je demande à l'éventuel être supérieur de m'aider, de ne pas me laisser vivre cela, de voir ma fragilité, de ne pas laisser mon esprit se briser en mille morceaux...
Mes yeux s'ouvrent soudainement. Il fait noir. Je respire fort. J'ai chaud. Il faut que j'aille aux toilettes. Ma peau est humide de sueur froide.
J'allume la lumière précipitament... Il n'y a rien dans la pièce. Rien que moi et ma peur qui s'en va petit à petit...
III.
Encore de la différence...
Il est bien tard. Probablement trois ou quatre heures du matin. Je n'ai aucune raison de me réveiller aussi tard... Quelque chose a du me sortir de mon sommeil. Oui... Je me souviens d'un son. J'ai peut être reçu un message... Aurais-je oublié de couper ma sonnerie ?
J'allume la lumière, non sans crainte des ténèbres. J'attrape mon téléphone et regarde l'écran, à la recherche d'une éventuelle notification. Mais il n'y a rien à l'écran. Rien d'autre que l'heure et les secondes qui s'écoulent lentement. Pas de message.
J'ai certainement rêvé de cette sonnerie. Je repose le téléphone sur la table de nuit, et m'apprête à m'enfouir sous la couette pour m'endormir.
C'est alors que retentit une seconde sonnerie.
Je me redresse dans mon lit, et attrape mon téléphone. De nouveau l'écran n'affiche rien... Je suis pourtant sûre de moi, il a sonné. Un son a brisé le silence de la nuit..
Avant que je ne puisse me poser davantage de questions, il recommence à sonner, dans mes mains, alors que l'écran verrouillé ne s'allume pas.
Je déverrouille l'écran, je cherche à comprendre. Je me rends dans les messages : Rien. Dans les appels : Rien non plus. Aurais-je laissé un réveil activé ? Rien non plus. Rien ne peut être en train de faire sonner mon téléphone... Mais il ne s'arrête plus... Il sonne... Il sonne... Rien ne s'affiche à l'écran, et je n'ai aucun moyen d'arrêter cette horreur.
Panique.
Alors que je continue de m'interroger, espérant trouver une explication rationnelle à tout ceci, je lève la tête.
A la place de ma fentre habituelle se trouve une grande étagère bleue, accrochée au mur. Sur celle-ci se trouvent différents objets de toutes les couleurs, des peluches, des pantins... Ces objets commencent à tomber un à un sur le sol... Panique. Je respire beaucoup trop vite et j'ai bien trop chaud...
Comment cette étagère est-elle arrivée là ? Qui l'a accroché contre le mur ? Comment peut-elle tenir contre celui-ci sans qu'il n'y ait eu besoin de faire des trous... Et le téléphone sonne toujours, impossible à calmer. Les objets sautent de leur perchoir, comme soufflés par une force invisible... Invisible. Il y a quelque chose dans la chambre que je ne peux voir...
Je ferme les yeux. Par lâcheté, mais aussi parce que l'on dit que pour prier, il faut fermer les yeux.
*
Je me réveille à nouveau. Dans ma chambre, dans mon lit humide de ma transpiration, dans le silence et le noir le plus total. Il n'y a rien dans ma chambre. Mon téléphone ne sonne pas. Il n'y a plus d'étagère contre le mur... Et moi, je dois me calmer pour me rendormir.
Doctor |
C'est angoissant, ce genre de rêves. Surtout que dans ton récit, il se répète (avec des variations)... Le passage avec le portable qui sonne sans raison est particulièrement flippant, tout comme le moment où la "créature" invisible te saisit le bras. Elle me fait un peu penser au Horla, d'ailleurs ^^
Cela ressemble aux rêves que je fais pendant les paralysies du sommeil. Deux choses reviennent souvent dans mon cas : un décor familier, le plus souvent un endroit où j'ai déjà dormi, mais avec de subtiles (ou si ce n'est subtiles, indétectables par mon esprit endormi), et puis toujours, systématiquement une progression angoissante à base de choses qui ne sont pas censées être là, de sensations tactiles fantômes, voire de présences, de créatures terrifiantes.
Ah et une autre chose qui revient aussi souvent dans mon cas : les bruits parasites. Toi c'était le téléphone dans la troisième partie de ton rêve, moi c'est souvent quelqu'un qui frappe violemment à la porte, ou bien quelqu'un qui me parle pendant que je dors.
C'est pas le genre de rêves que je préfère.
C'est en lisant certains de tes rêves, Nothishade, que je me suis dis que c'était peut être une forme de paralysie du sommeil, ce qui explique pourquoi c'est aussi angoissant à chaque fois.
Heureusement, ça ne m'arrive que très rarement !
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