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Rêvé le 7 octobre 2016 - el0yn avait 25 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

Peu de choses me reviennent, comme cela arrive souvent. J'aménage mon nouvel appartement. Il s'agit d'un petit studio dans l'ancien, aux couleurs plutôt chaudes. Un des murs est de couleur rouge foncé, un autre marron clair, presque doré. Ils rappellent des temps oubliés, remplacés par des couleurs trop vives et trop pures. Sans histoire.

Il n'y a pas d'ascenseur. Peut être un vieil immeuble parisien... peut être ce qui m'attend ?

Quelque chose devrait sans doute me déranger... il n'y a personne autour de moi, il fait nuit. Je suis seule. Seule à charger les derniers cartons jusque chez moi. Le silence est presque dérangeant, les seuls sont émanent de mes pas, du carton qui glisse contre le mur lorsque je calcule mal ma trajectoire, de ma respiration accélérée par l'effort...

L'air est froid. Je ne ressens pas ce froid, je suis en t-shirt sans ressentir le désir de m'habiller davantage. Mais je vois de minuscules morceaux de glace virevolter dans la lumière de l'unique lampadaire de ma rue. Ils scintillent. L'air est beau.

Le silence de l'hiver.

Enfin je monte le dernier carton. Je referme la porte de l'immeuble derrière moi. Je monte lentement les escaliers sombres et mal éclairés et atteins enfin mon chez moi. Je vais pouvoir m'installer, au milieu du bazar pas encore rangé, sur un vieux fauteuil près du radiateur. Je vais pouvoir me préparer un thé bien chaud, dans lequel j'ajouterai une pointe de lait pour le refroidir. Enfin, je vais me reposer. Je suis enfin loin de tout. Mon téléphone semble ne pas exister. Il ne sonne pas, ne reçois rien, et je n'ai pas l'air d'en manquer.

Alors que je suis confortablement blottie dans mon fauteuil de cuir, soigneusement rayé par les griffes de mon chat, on sonne à la porte. Il est pourtant tard, personne ne vient chez moi à l'improviste. Cela me ferait certainement plaisir pourtant... sans doute est-ce un risque trop gros à prendre pour les quelques gens qui en auraient envie. J'aime bien trop ma tranquillité, et le fais trop souvent savoir pour que quiconque ait envie de tomber à ce moment là.

Pourtant j'ai bien entendu frapper.

Je me lève, toujours emmitouflée dans mon plaid violet aussi doux que du velours, je me dirige vers l'entrée. J'ouvre la porte.

-Dude !

Je ne connais qu'une seule personne qui m'a appelé comme ça. E Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu, aussi bien ici qu'au réveil... Son sourire m'enchante. Il a quelque chose de lumineux, d'aussi chaleureux que la lumière des bougies de mon petit salon. À peine entré qu'il me serre contre lui. Comme un enfant qui retrouve son jouet perdu... je ne peux bouger mes bras, et ai presque du mal à respirer, mais sa bonne humeur me submerge.

S'en suis la conversation type de deux amis qui se sont perdus de vue à contre cœur. Il me donne de ses nouvelles, me parle de ses dernières vacances, me raconte comment les choses se sont terminées avec sa belle Madeleine... Puis il s'en prend à moi, il veut savoir comment je vais, ce que je deviens, il veut savoir ce qu'il ignore. Car il n'ignore pas tout, bien entendu... Son regard devient plus sombre, plus sérieux. Alors je comprends que ce qui arrive est la raison de sa venue soudaine.

Il plonge ses yeux dans les miens, s'assure plusieurs fois que je l'écoute. Il met ses mains sur mes épaules.

Je le regarde, je n'ai pas le choix. Il occupe la majeure partie de mon champ de vision. Toute mon attention est accaparée par son corps, par son odeur, sa chaleur et ses yeux. C'est ce qu'il veut, pas pour les mêmes raisons qu'autrefois cependant. Il veut que j'écoute.

Je suis toute ouïe.

Il inspire profondément, comme si ce qui avait à dire était lourd, qu'il fallait prendre des forces pour l'expulser.

- Ça me brise le cœur...

Le reste n'est qu'une idée. Il me regarde avec ses grands yeux légèrement humides. Il est sincère, cela le blesse.

- ...que tu sois encore avec Arlequin...

Que je sois avec Arlequin... Il m'explique comment il en est arrivé à se présenter devant moi, animé par une urgence soudaine. Bien que nous n'ayons plus aucun contact depuis des années, il m'observe de loin, prend des nouvelles... Je ne suis plus la même personne depuis que je suis avec M. J'ai perdu des ***1 pour essayer de ne garder que celle qu'il souhaitait voir. J'ai perdu de la vie, j'ai perdu de la lumière car il ne la voulait que pour lui... Je me suis perdue moi dans mon entier. E. ne peut accepter cela plus longtemps.

Ses mots sortent lentement de sa bouche et je laisse tout mon corps les absorber. J'essaye de les assimiler, mieux que d'habitude, car cette fois, il m'a demandé d'écouter.

Je réalise alors que c'est un bon ami que j'ai perdu. Je me rappelle des soirs où il me racontait ses déboires dans sa voiture, après m'avoir ramenée. Je me rappelle des cinémas, de la course dans les arrosages automatiques... Je me rappelle de nos dérapages aussi. Dérapages douloureux que parce qu'ils ont du s'arrêter.

Je réalise qu'il n'est pas le seul concerné. J'ai éteint toutes les petites bougies que j'avais allumé pour mieux voir. Les unes après les autres, pour n'en garder que quelques unes, encore autorisées à brûler par Mr... J'ai essayé de me faire croire que ces dernières suffiraient, que c'était le prix à payer pour l'avoir lui... Foutaises. Jamais quelqu'un n'aurait du m'amener à éteindre ces bougies. Jamais personne n'aurait du me le demander.

E. me prend dans ses bras. Ainsi il me fait comprendre que si je prends cette lourde décision que je repousse depuis longtemps, il sera à mes côtés pour me tenir chaud, il sera à mes côtés pour m'aider à ranimer quelques unes des bougies éteintes.

Sa chaleur me submerge... Bien que la tristesse commence à me gagner, je m'endors doucement contre lui. Je suis prête.

Amour apocalyptiqueMurs blancs si vides

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